Enfin se décabanner

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Certains comprendront, les autres devineront :

A l’attention des Lyonnais

« Sainte-Marie des Terreaux, comme disait la Mère Cotivet, tout va de bisangoin. Ça sent un drôle de goût : c’est sûrement le bocon. C’était pourtant pas des gognandises qu’on nous avait dégoisées. Pus moyen de se peter la miaille, ni même de barjaquer bugne à bugne aque les amis au bar des Gones. Pus possible, même pour les catolles du quartier, de jacqueter et de faire un tas de patrigots. Le grand vide, rue de la Croix Rousse. Comme ma main, la rue des Pierres Plantées. Cinquante jours sous une benne, à se piétiner les agacins  On est resté pique-plante, tout gredin, à faire la bobe, recrenillé chacun dans son coin, blanc comme une patte. Et c’est pas la fin des embiernes.  S’il te faut aller à consulte, c’est de loin, au téléphone. Si te trouves à plat-de-lit, à raqueter, carcasser, si te as attrapé la caquerelle ou le vas-y-vite, c’est direction l’hôpital pour te rapapilloter rondo si te veux pas défunter.
On nous avait dit que Le Coronus Vira devait pas durer autant que le marché de Villefranche. Mais justement, le marché de Villefranche, on l’a vu fermé, de nos yeux. Première fois depuis mille ans. Même qu’à la réouverture on s’est retrouvé après faire la queue en gardant la distance.

Quant aux ordres et aux contrordres, tous des balans. On va tâcher moyen de leur y dire comme il faut : si te veux pas être pris pour un cogne-mou, quand t’as voulu, vas pas dévouloir ! Par chance, et sans vouloir hypothéquer sur les brouillards du Rhône, on annonce le déconfinement : on est fin prêt à se décabaner. Et c’est pas que le silence nous dérange, mais le sicotti commence à nous manquer vers la grand’côte. Vivement le retour du bistanclaque. Et puis tous ces connectés petafinés qui se bambannent avec leurs liens virtuels (ça veut dire « pour de faux »), et qui transmettent leurs messages à ceusses qui comprennent. Les autres ont qu’à se marcotter. Moi, sans être un niquedandouille, j’ai observé ma boîte à lettres : toujours aussi vide. Je me tiens tati. J’attendrai. »

 

Yvonne Joly

Une réflexion au sujet de « Enfin se décabanner »

  1. Quel beau retour dans le passé Yvonne…Bravo popur ce condensé très Lyonnais d’un confinement national !
    Et je suis fière de moi : je comprend tout !
    On se retrouvera autour d’un verre de pichtagorne !

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